Le caboteur « Julia », de l’armement Belgica, avec un équipage de 18 hommes y compris le capitaine, Maurice Coppin, chargé de 500 tonnes de munitions et 100 tonnes de carburant, en ‘jerrycans’, et ayant à son bord aussi une compagnie du génie américain, quitte la baie de Swansea, le 5 juin, afin de s’insérer dans le convoi « EBC2Y » qui fait route vers le sud en direction de la plage « Omaha », dans le secteur d’Isigny-sur-Mer et St.-Vaast. Vers 10 heures, il s’échoue afin de mettre à terre son chargement et la troupe embarquée. Le navire attend jusqu’au 7 juin avant de reprendre la mer. Par la suite, le « Julia » a continué d’aller et venir entre Southampton et les ports français jusqu’au début du mois de novembre 1944. Mais, et en ce qui concerne le « Julia », durant cette journée du 6 juin 1944, il est intéressant de relevé l’anecdote suivante : « A Saint-Laurent sur Mer, près d’un canon allemand de 88 mm, se trouvent les restes d’un petit mur de ferme, avec un rosier ayant de belles roses rouges. Avec précaution, le 1er officier Robert Van Damme cueille une rose et la place dans son « Battle Dress ». Cette rose sera la première « Rose de France » à franchir la Manche pour être offerte à sa fiancée. Depuis ce jour et chaque année le 6 juin, il offrit des roses à son épouse en souvenir de la plus grande bataille de l’Histoire maritime. La « Rose de Normandie » existe toujours, elle est encadrée sous verre et se trouve maintenant dans les collections de l’Imperial War Museum. » Le rôle du caboteur « Marcel », de l’armement Hermans, est identique, dans les grandes lignes, à celui du « Julia ». Tandis que le « Julia » est engagé dans le secteur américain, le « Marcel », l’est dans le secteur britannique. Il quitte son ancrage dans le ‘Solent’, le 6 juin, en direction du secteur de « Sword », devant Ouistreham. Le capitaine Julien De La Rue et tout l’équipage du « Marcel » ont reçu la « médaille maritime ». Le cargo « Belgique », vieux de 42 ans et appartenant à l’armement Deppe, est, quant à lui, coulé avec 10 autres navires pour former le « Gooseberry 4 », un brise-lames extérieur du port artificiel d’Arromanches, près de Courseulles. Son commandant, Marc Jacobs, a été nommé après la guerre « Chevalier de l’ordre de Léopold II ». Le paquebot « Léopoldville », de la Compagnie Maritime Belge, reconverti en transport de troupes, embarque le 4 juin, à Tilbury, près de 2200 soldats britanniques. Le 6 juin, il quitte l’estuaire de la Tamise en direction du ‘Solent’. Le 7 juin, le navire traverse la Manche, avec le convoi « EWP 1 », et arrive le 8 juin devant les plages du secteur « Gold ». Mis à l’ancre, les troupes sont débarquées à l’aide des LCI. Du 7 juin au 24 décembre 1944, le « Léopoldville » fait 24 traversées du ‘Solent’ vers les plages normandes, transportant au total 53.217 soldats. Malheureusement, peu s’en souviennent, ce navire qui part de Southampton pour Cherbourg est torpillé, par le U-486, la veille de Noël 1944 avec à son bord 2235 hommes de la 66è Division d’Infanterie américaine. Des 2235 soldats américains, plus de 800 hommes périrent. Cette action sera pour les Américains le pire désastre de ce genre au cours de la guerre en Europe. Les familles ont reçu le télégramme d’usage « tué au combat », elles n’ont appris la vérité qu’en 1989 ! Gisant par 60 mètres de fond à 10 Km au large de la côte française, l’épave du transport de troupe « Léopoldville » est considérée depuis comme cimetière militaire américain de Normandie. Le paquebot « Thysville », appartenant aussi à la Compagnie Maritime Belge, transformé en transport de troupes en 1941 et placé sous le commandement du Capitaine au long cours Henri Teugels, arrive avec le convoi « ETM2 » dans le secteur « Gold », le 8 juin. Il est utilisé comme navire de repos pour les équipages de petites unités au mouillage dans le « Mulberry B » (Arromanches), de juin à juillet 1944. En reconnaissance des services rendus lors des opérations en Normandie, Henri Teugels a été décoré, le 1er avril 1948, de la « Distinguished Service Cross » britannique. Cette décoration est la troisième plus haute décoration militaire décernée au personnel de la Navy pour leur « …courage lors d’opérations actives contre l’ennemi ». Deux remorqueurs de la Marine de l’Etat, le « Zeehond » et le « Zeeleeuw », amènent en Normandie une partie des éléments des ports artificiels, les « Mulberries » et les « Gooseberries ». Le port artificiel d’Arromanches est mis en service le 14 juin 1944. Il fonctionne jusqu’en novembre 1944. Le bilan de l’activité du port est considérable : 39.000 véhicules, 220.000 hommes et 239.000 tonnes de marchandises y ont été débarquées. D’autre part, et dans le cadre de cette rétrospective, signalons également que d’autres navires marchands belges ont contribué, dans les jours qui suivent, à l’acheminent des approvisionnements, à savoir : A « J + 3 », les cargos Marie et Gironde. |
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D-Day : La marine marchande belge |